
François et Louis Montjaret de Kerjégu avaient 36 et 33 ans lorsqu’ils firent l’acquisition des 2000 hectares de la Montagne Noire, et qu’ils devinrent promoteurs de l’agriculture moderne. À peine arrivé, Louis fonda, à l’instar de son frère à Scaër, la Ferme École de Trévarez, car c’est là que fut créée sommairement, avant d’être transférée à Tregoazec devenu Kervoazec, où des bâtiments modernes et fonctionnels furent élevés.
En effet, le partage des terres s’était opéré entre temps ; François eut la partie occidentale et Louis la partie orientale de cette échine longitudinale.
Louis passa sa vie au milieu des cultivateurs des arrondissements de Brest et Châteaulin. Ses travaux portèrent sur les techniques de drainage et d’irrigation, indispensables aux grandes étendues stagnantes de la dépression centrale de la Montagne Noire.
Les deux grands domaines des deux frères se développaient par conséquence harmonieusement et efficacement, chaque famille dans son manoir respectif : François à Trévarez et Louis dans probablement ce qu’il restait des bâtisses de Trégoazec.
Là-dessus, aucun document n’est connu, si ce n’est un cliché des vestiges de l’ancien moulin, ce qui laisse supposer un grand ensemble rural à cet endroit, les restes d’une ancienne paroisse à n’en pas douter. L’ancien cadastre nous indique d’ailleurs Tregoazec-creis ou le village central, Tregoazec uhella (du haut) et Tregoazec isella (du bas). Un manoir a-t-il existé à cet endroit occupé par Louis de Kerjégu durant un temps ? Il est fort probable que oui.
Toujours est-il qu’il construisit son château vers 1850, après son mariage avec Juliette Lemonnier, fille du maire de Brest, dont il eut quatre filles. La troisième, Anne de Kerjégu fut l’héritière de Kervoazec et épousa en 1880 le Comte Eudes Louis Adolphe de Saint Simon.

La Maison de Rouvroy de Saint-Simon est une très ancienne famille et riche de personnages éminents :
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Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon (1675-1755), écrivain, historien, auteur des célèbres « Mémoires » sur la vie à la Cour de 1694 – 1723.
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Le Comte de Saint-Simon (1760-1755), philosophe-économiste, chef de l’école politique et sociale des saint-simoniens dont la doctrine préconise le collectivisme et contient une vive critique de la propriété privée.
Eudes Louis Adolphe de Saint-Simon n’avait que sa solde de capitaine de cavalerie, son nom et son titre… Anne de Kerjégu lui apportait, par contre, une dot importante en terres, fermes et forêts, mais en particulier le Château de Kervoazec qui devint pendant trois générations le berceau des Saint-Simon.
Anne, très pieuse et bigote, avait fait des siennes les idées étriquées de son époque et se montra une conservatrice passionnée. Le brave Adolphe, soucieux de préserver la paix dans son ménage, se garda bien souvent de la contredire et préféra adopter ses idées.
En 1904 il donna sa démission de l’armée. Il se retira à Kervoazec, sur ses terres, pour y vivre du revenu de ses fermes et de ses bois.
Pendant la première guerre mondiale il fut rappelé, mais étant trop âgé (60 ans) il fut affecté à un dépôt de remonte de cavalerie à Pontivy puis à Tarbes. En 1917 il fut démobilisé et rentra à Kervoazec, où Anne avait installé un ouvroir qu’elle dirigea de main ferme et qui était destiné à « préserver du vice » les jeunes bretonnes du village.
Adolphe ouvrit une carrière d’ardoises sur ses terres, afin de procurer du travail aux hommes du pays. L’entreprise fonctionna pendant 20 ans, mais mal administrée par des gérants véreux auxquels Adolphe crut devoir faire confiance, elle périclita.
En 1926, Anne mourut à Kervoazec, après avoir mis au monde 6 enfants.
Devenu veuf, Adolphe continua à vivre à Kervoazec, mais cette fois en maître incontesté. Il fut élu maire de Saint-Goazec, qu’il sut administrer avec compétence et un paternalisme de bon aloi. Il avait été fait chevalier de la Légion d’Honneur à l’ancienneté en 1897.
Il s’éteignit à Kervoazec en 1935, entouré de l’affection et de la considération de toute la population de Saint-Goazec.
Le Château était occupé par la famille de Rouvroy de Saint-Simon jusque dans les années 60. Après une période d'accalmie et de propriétaires successifs, le château, alors en état de ruine, est racheté en décembre 1993 par Ursula L.
Pour cette femme passionnée, c'est le début d'une aventure humaine et architecturale hors du commun. Avec une détermination sans faille, elle entreprend d'ambitieux travaux de restauration pour redonner au château sa splendeur d'antan. Le défi est de taille, mais Ursula L. ne recule devant rien. Puisant sa force dans son courage et sa résilience, elle parvient à faire renaître le château de ses cendres.
Dès le début de sa renaissance, Ursula L. souhaite partager ce lieu exceptionnel avec le public. Elle y organise diverses expositions mettant en valeur les artistes de la région, mais aussi des mariages et des manifestations diverses, ouvertes à tous. Le château devient ainsi un lieu de vie et de culture, un espace de partage et de rencontres.
En 2014, Ursula L. décide d'ouvrir des chambres d'hôtes dans le château, offrant ainsi la possibilité de prolonger l'expérience et de profiter du calme et de la beauté des lieux.
En 2021, la fille d'Ursula L., Vanessa, la rejoint dans cette aventure familiale. Après avoir suivi une formation en hôtellerie à Quimper puis en région parisienne, elle apporte son expertise et sa passion pour l'accueil. Ensemble, mère et fille se démènent pour offrir des séjours de qualité et reposants dans ce petit écrin de verdure qu'est Kervoazec.
Le Château de Kervoazec est bien plus qu'un simple lieu d'hébergement. C'est un lieu de vie, un lieu de culture, un lieu de partage. C'est l'histoire d'une renaissance, d'une passion, d'une famille. C'est un lieu où l'on se sent bien, où l'on peut se ressourcer et se reconnecter avec la nature.